2ème Partie : Création et diffusion du mythe fondateur

1/ Babuji, fondateur du mythe (1922-47)
a) Hésitations et tergiversations
Babuji rencontre Lalaji le 3 juin 1922 pour la première fois. Il ne le verra pas plus de 3 fois en tout et pour tout. Ses parents voient d'un mauvais œil son intérêt pour Lalaji, le disciple d'un soufi musulman. Ils redoutent une possible conversion à l'Islam.
Cependant, la fusion entre Babuji et son maître Lalaji commence au lendemain de sa mort en 1931, alors même que Babuji n'est pas précepteur, aux dires de ses multiples successeurs.
Ensuite, c'est le grand vide jusqu'en 1944, bien qu'il semble avoir fréquenté le Ramashram Satsang du Dr. Chaturbhuj et celui de Shri Krishna Lal à Sikandarabad. Il rêve aussi qu'il se rend à Kanpur, siège de la famille de Raghubal Dayal, frère de Lalaji.
Il va ainsi hésiter pendant près de 14 ans à commencer son travail.

b) La fondation du mythe
En avril 1944, Babuji prie son maître durant plusieurs jours pour qu'il lui montre la lumière, comme Moïse sur le mont Sinaï.
Dans la 2ème partie de son autobiographie publiée à titre posthume par la SRCM de Shahjahanpur, on peut lire en date du 22 mai 44 ces propos attribués à Lalaji : "Shahjahanpur will be the Centre (…) The powers of ennemies are weakened. Now they can do no harm to you (…) I am merged in you, and hence remain dependent on Him [Lalaji's Master] alone in every matter. He loves you." Puis le 30 mai suivant : "Start the organization. Begin attracting people to yourself."
Le 3 juin 1944, Lalaji dicte l'organisation à Babuji en rêve. Dans le Volume 2 de l'autobiographie de Babuji publiée par la SRCM®, on trouve en date du 6 août 1944 : Lalaji ordered. "There should be an announcement in the Bhandara that I (Lalaji) have appointed you, Ram Chandra of Shahjahanpur, as my heir-apparent and representative (…) Those who oppose you shall not derive any benefit for me." (1ère édition anglaise, p. 20).
Babuji sollicite aussi Swami Vivekananda, Lord Krishna et Bouddha lui-même dès le 14 août 1944. C'estVivekananda qui lui aurait donné ses instructions pour la création de l'emblème de la SRCM.
Le 21 juillet 1945, la SRCM est enfin officiellement constituée à Shahjahanpur et enregistrée à Bareilly (Uttar Pradesh), d'après son petit-fils Navneet Kumar Saxena. D'après la SRCM®, Babuji a conçu sa méthode de transmission à grande échelle le 3 janvier 1946, tandis que Lalaji lui dicte les paroles de la prière le 12 janvier. Enfin, il écrit son premier livre "Commentary on Ten Commandments of Sahaj Marg", qui lui aurait été dicté par Lalaji d'après l'ISRC.

2/ La diffusion du mythe de Shahjahanpur à New York (1947-74)
La diffusion s'effectue en trois étapes, d'abord dans l'Uttar Pradesh par le bouche à oreille (fin des années 40), ensuite dans le reste de l'Inde grâce aux réputations réunies de son livre et du Dr. Varadachari (années 50) puis enfin dans le reste du monde (à partir de la fin des années 60) :
- Durant la période 1948-49, diverses notabilités de l'Uttar Pradesh se rapprochent de Babuji, telles S.P. Srivastava, professeur de philosophie ou M.L. Chaturvedi, juge à la Haute cour de justice d'Allahabad, puis sa fille Kum. Kasturi Chaturvedi.
- En 1955, Babuji sort son célèbre livre "La réalité à l'aube", sa notoriété déborde l'Uttar Pradesh. Des hommes du sud le rejoignent, comme le Dr. KC Varadachari ou Raghavendra Rao du Karnataka. KC Narayana, fils de Varadachari, le rejoint aussi en 1956. La rencontre entre Babuji et le Dr. K.C. Varadachari, professeur de philosophie à Tirupati, se transforme en une profonde amitié. En 1963, K.C. Varadachari obtient la célèbre Chaire de Vivekananda à l'Université de Madras. En 1965, il crée le Sahaj Marg Research Institute, où il répand l'idée que le Sahaj Marg n'est ni plus ni moins que du Raja Yoga. Puis arrive Parthasarathi Rajagopalachari dit Chari en 1964…
- Lakshmi Narasimhan marque le début de l'internationalisation du Sahaj Marg. Il part l'enseigner à Copenhague en 1968-69. K.C. Narayana entreprend une tournée aux USA en 1971. Entre temps, Chari a été nommé secrétaire général de la mission en 1970, et il entraîne Babuji pour leur premier voyage commun en occident en 1972.

3/ Quelques éléments d'analyse
a) Rêves d'inter-communications et délires paranoïdes
L'intégralité de la passation de pouvoir entre Lalaji et Babuji repose uniquement sur les rêves de Babuji. L'accepter, c'est croire au seul récit de Babuji, c'est adhérer au principe de ses innombrables inter-communications avec un mort, en dépit de tous les faits qui nous sont rapportés.
De son vivant, Lalaji a envoyé plusieurs de ses disciples les plus fidèles répandre son enseignement sans aucune exclusivité. Il a nommé 212 précepteurs d'après son petit-fils, Dinesh Kumar Saxena, mais Babuji n'en a jamais fait partie et n'a rencontré Lalaji que 3 fois en tout et pour tout.
Enfin, les rêves de Babuji rapportés par S.P. Srivastava sont emprunts de délires paranoïdes où l'on apprend que Babuji serait entouré de concurrents et d'ennemis, qui vont jusqu'à tenter de l'empoisonner ou l'assassiner : "Some persons, physically and socially close to Revered Lalaji, had claimed to be His representative and successor, and they were trying somewhat deliberately to harm and even do away with the physical existence of Grand Master's real representative in every possible way, including the use of certain spiritual techniques. Some other quite well advanced disciples of the Grand Master, being averse to the false claims due to obvious lack of real effect, had started setting up organisations more or less in allegiance to the Grand Master, but centred mainly around these so-called advanced disciples as visible personalities to guide the multitudes attached to them on the age-old path of spirituality, as brought to them by the Grand Master, who had passed out of physical existence on August 14/15 (midnight), 1931." (Introduction du 2ème volume autobiographique, édité par la SRCM de Shahjahanpur).
Que Lalaji soit atteint de psychose est très surprenant, au contraire Babuji semble plus coutumier du fait, comme on le verra de nouveau peu avant sa mort.

b) Les particularismes du Sahaj Marg
Les racines soufies de l'enseignement de Lalaji sont camouflées, tandis que ses liens avec le Raja Yoga sont fortement mis en valeur. Babuji transforme la "Naveen Sadhana" de Lalaji en "Sahaj Marg".
A l'inverse de Lalaji et de tous ses autres successeurs, Babuji invente l'exclusivité. Il est son seul et unique héritier. Ses disciples doivent s'attacher à un maître unique, c'est-à-dire lui-même. De son vivant, Lalaji a eu plusieurs maîtres et il a encouragé ses disciples à en côtoyer plusieurs. Face à l'ouverture d'esprit de Lalaji, Babuji crée ainsi la doctrine et jette (sans le savoir ?) les bases du culte de la personnalité qui va proliférer par la suite.

4/ Sources bibliographiques
a) Autobiographies de Babuji
- Partie I : early life, adult life, at the feet of the Master, Journal (1928 - 1932), vol. 1 1899-1932 (2nd Ed 1980 1500 copies), SRCM
- Partie II : Instructions et leçons spirituelles reçues de maîtres (Posthume, SRCM Shahjahanpur) :
* vol. 1 1944 May/Sep (1st Ed 1987 3000 copies) - Preparation
* vol. 2 1944 Oct - 1945 Mar (1st Ed 1988 3000 copies) - Declaration
* vol. 3 1945 Apr - 1955 Jun (1st Ed 1989 2000 copies) - Contribution
- Volume 2 (1ère édition anglaise), SRCM®

b) K.C. Varadachari
- Complete Works of Dr. K.C.Varadachari (Vol. 1 à 9) - Ramachandra Publishers
- Correspondances entre Babuji et le Dr. K.C. Varadachari : Letters of the Master (Vol. I & II), 1992 - SRCM®

c) Autres sources
- ISRC :
http://www.sriramchandra.org/Master/BabujiMaharajStory.htm
- SRCM® : www.srcm.org et www.sahajmarg.org
- Famille de Babuji (Umesh Chandra Saxena et Navneet Kumar Saxena)
- Divers témoignages anonymes

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