3ème Partie : Le temps des divisions (1974-2007)
Essayer d'écrire l'histoire récente avec aussi peu de recul est une gageure. Les faits qui nous sont relatés sont contradictoires, souvent impossibles à vérifier, tandis que de nombreux témoins ne se sont pas encore exprimés…
1/ Les "faits contradictoires" qu'on veut bien nous raconter…
Babuji et Chari multiplient les voyages au cours des années 70. Ils apparaîtront ensuite souvent en compagnie d'André Poray et du Dr. Hans Gangloff.
Le 3 mars 1974, Babuji nomme Chari comme son successeur devant témoins, Donald Sabourin et Kasturi. En 1976 est construit l'ashram de Shahjahanpur. Babuji porte plainte pour le vol de 4 lettres à entête de la SRCM. En 1979, Babuji confie à Narayana qu'il devra travailler aux côtés de Chari dans l'avenir. En 1980, à Munich, il déclare à JM (?) qu'il a désigné Chari comme son successeur, mais André Poray y apparaît comme un rival sérieux pour Chari. Babuji est moins disponible pour les groupes d'abhyasis et Chari devient taciturne. Toujours vers 1980, Babuji destitue Chari de toutes ses fonctions.
En 1981, les seniors précepteurs Raghavendra Rao et Ramachandra Reddy entament une tournée non officielle aux USA avec Umeshchandra Saxena, un fils de Babuji qui n'est même pas précepteur. Le 16 avril 1982, Babuji rédige pourtant une lettre de nomination de son fils Umeshchandra.
Tout devient très sombre en 1982 lors du voyage de Babuji en France. André Poray est partout en avant de la scène, Chari qui n'a pas été invité est relégué en coulisses. Babuji est très malade. Il annonce aussi à Kasturi qu'il a nommé quelqu'un sans en préciser le nom et lui dit qu'il veut aller à la police car on veut attenter à sa vie, ce qu'il ne fera finalement pas. Le 2 septembre, il écrit à MD Jahagirdar que Chari dérive de l'enseignement initial, qu'il se présente illégitimement comme son successeur et qu'il a tenté de l'empoisonner à plusieurs reprises depuis 4 ans, mais qu'il a trouvé son successeur. Il ne le nomme pas mais annonce aussi qu'il devra être accompagné par Srivastava, Narayana et Kashi Ram Agarwal ainsi que Nasib Chand.
En 1983, des messages contradictoires des différentes factions affluent, y compris des autres successeurs de Lalaji. Babuji décède le 19 avril. Chari présente aussitôt sa lettre de nomination. Raghavendra Rao et Ramachandra Reddy, avec Umeshchandra à leur tête, déclarent que la lettre de Chari est une contrefaçon. La famille de Babuji ne propose pas tout de suite Umeshchandra, mais son frère aîné Prakash, puis son petit-fils Charad. Une bataille légale pour le contrôle de l'ashram s'engage. Chari voyage à l'ouest pour y chercher des appuis.
Tout le monde se retrouve à Shahjahanpur pour l'anniversaire de Lalaji en février 1984. Un "Working Committee" est mis en place dans la foulée, les 6 et 7 février. Une tentative d'empoisonnement du clan de Chari a lieu, à ce moment là ou à un autre.
Narayana qui fait partie du comité de travail considère que la lettre du fils de Babuji est fausse et que celle de Chari est valide. Le petit-fils de Babuji reconnaît qu'il s'agit d'un faux. Kasturi se prononce en faveur de Chari. Mais le comité de travail décide de nommer Umeshchandra représentant spirituel. SA Sarnad, chargé d'informer tout le monde, envoie une circulaire à quelques centres, puis rejoint le clan de Chari, avant d'avoir fini.
SP Srivastava est nommé président du comité de travail en attendant que les esprits se calment, car le positionnement de Kasturi en faveur de Chari, entre autres, déclenche un conflit ouvert entre les factions.
Dans ces conditions, Chari constitue un autre "Working Committee" à Hyderabad où il est proclamé président. Une nouvelle SRCM californienne sera ainsi créée à San Luis Obispo.
En 1987, Chari tente de nouveau de s'emparer de l'ashram de Shahjahanpur, mais sans succès. SP Srivastava publie la 2ème partie de l'autobiographie de Babuji (1987-89). En août 1991, Narayana quitte le clan de Chari et crée l'ISRC.
En 1994, Umeshchandra Fait valoir à Srivastava sa lettre de nomination et dit que la lettre de Chari est une contrefaçon faite à partir d'un papier volé. Il accuse aussi Chari d'avoir empoisonné son père. Un senior précepteur accepte la lettre d'Umeshchandra, tous alors l'acceptent et Srivastava laisse sa place à Umeshchandra Saxena qui préside alors la SRCM de Shahjahanpur.
L'un de ses précepteurs part aux USA en 1996, crée un site internet 'sahajmarg.org' où il publie les 2 lettres de nomination d'Umeshchandra et Chari. Un conflit oppose alors les 2 SRCM sur le nom de domaine, et l'arbitrage est prononcé en faveur du clan d'Umeshchandra en avril 2000. Le clan de Chari engage alors un grand cabinet d'avocats et porte l'affaire devant la Cour fédérale de Virginie. Le clan d'Umeshchandra préfère abandonner la partie faute de moyens financiers.
En 2000, Kasturi s'oppose soudain à Chari après qu'il l'ait rejetée. Elle enseigne alors seule le Sahaj Marg de son côté à Lucknow.
Umeshchandra se déplace dans l'ashram de Shahjahanpur avec un revolver car il a peur pour sa vie. En 2003, il décède de mort non naturelle. Son fils Navnnet Kumar Saxena lui succède, mais son jeune frère est victime d'un accident de la route suspect seulement 13 jours plus tard.
Navneet Kumar lui-même est victime d'une tentative d'empoisonnement le 3 février 2006. Le clan de Chari envahit l'ashram de Shahjahanpur le 2 avril puis, après la mort du senior full précepteur Raghavendra Rao, envahit aussi celui de Raichur, AP Durai en tête le 7 mai suivant. Des témoignages en faveur du clan de la famille de Babuji apparaissent sur le web.
Fin 2006, le petit fils de Lalaji, Dinesh Kumar Saxena, précepteur de Chari mais aussi et surtout représentant de NaqshMuMRa, la lignée soufie issue de Hujur Maharaj et de Lalaji, fait son apparition sur le web. Il est bientôt suivi par un disciple de Kasturi, elle-même toujours précepteur de Chari, et par un disciple de Raghavendra Rao.
Le 18 janvier 2007, c'est au tour de Navneet Kumar de s'exprimer sur le web. Le 7 février, la Cour suprême statue : "Arguments heard. Orders reserved." Et Navneet crée son propre site le 22 février, où il publie les 2 lettres de nomination et le courrier adressé à Jahagirdar où Babuji accuse Chari de tous les maux…
2/ Décryptage de la trame historique
a) Le combat des chefs (1974-1984)
Les dix dernières années de la vie de Babuji sont particulièrement troubles. A-t-il commencé par nommer Chari pour mieux le désavouer ensuite au profit de l'un de ses fils ? On retrouve là le babuji des débuts, mystérieux et paranoïaque. Toutes les conditions sont réunies pour créer la confusion.
i. L'attrait du pouvoir
Outre les ambiguités nourries par Babuji, l'autre grande raison qui va déchaîner le combat des chefs est l'attrait pour le pouvoir.
Après des décennies de stagnation, les effectifs de la SRCM s'envolent. Si l'on en croit Chari, il y avait moins de 50 disciples à son arrivée en 1965. En 1970, le nombre de précepteurs a été multiplié par 7 et en 1983 de nouveau par 4. On arriverait alors au chiffre de 4 à 5 000 adeptes.
Babuji est désormais entouré d'une cour permanente d'adorateurs qui se pressent autour de lui. Le culte de la personnalité qu'il a contribué à créer et laissé faire ensuite produit enfin ses effets : il séduit les prétendants à sa succession.
ii. L'éclatement après l'unité
Il n'existe donc pas une, ni deux, mais trois missions qui se réclament de l'héritage spirituel de Babuji : la Mission d'Umeshchandra à Shahjahanpur, la SRCM Californienne de Chari et l'ISRC de K.C. Narayana. Sans parler des disciples de Babuji qui sont restés relativement autonomes dans leurs régions respectives, telle Kasturi à Lucknow ou Raghavendra Rao à Raichur.
Pour la SRCM de Shahjahanpur, emmenée par Srivastava, Umeshchandra Saxena puis Navneet Kumar, Babuji ne sera jamais remplacé, il ne peut y avoir de maître vivant et la SRCM doit rester à Shahjahanpur.
Pour la SRCM de Chari, il est le président et il va aussi devenir progressivement le maître vivant, successeur de Babuji. Narayana, quant à lui, accepte sa présidence mais s'oppose à son rôle de représentant spirituel. Pour lui non plus, il ne peut y avoir de maître vivant, Babuji est le seul et unique maître.
b) Le triomphe de Chari (1984-97)
i. Le fumeur de cigarettes
Chari est un homme du sud, l'un de ces fumeurs de cigarettes occidentalisés, arrivé avec les opportunistes et autres arrivistes, alors que la SRCM et Babuji devenaient célèbres.
Face aux seniors précepteurs du nord traditionnel, Chari heurte les mentalités : il est jeune, moderne et opportuniste. Le rejet par les anciens est tel qu'il va décider d'aller développer sa propre mission à l'étranger, chez les occidentaux qu'il connaît si bien.
Son succès est évident. Il a gagné la bataille des chiffres : 20 000 disciples en 1991 d'après Narayana, 50 à 55 000 en 1995-97 selon Chari.
Contrairement à l'histoire officielle, Chari n'est donc que l'un des multiples successeurs de Babuji, mais c'est celui qui a le mieux réussi…
ii. Un enseignement à la dérive
On est déjà loin du Sahaj Marg initial, méthode réputée à l'usage individuel des chercheurs spirituels. Il se pare d'un objectif à portée universelle : faire basculer le monde vers la spiritualité. Et cela ne pourra avoir lieu avant que le nombre d'adeptes n'atteigne un certain seuil obligé.
Pour réaliser ce nouvel objectif, les dix commandements sont insuffisants, il faut de nouveaux outils. La mort de Babuji vient renforcer la liberté d'action de Chari. Il a le génie de réussir à instrumentaliser le culte de la personnalité déjà sous-jacent et de reléguer les dix commandements au rang de maximes, sans provoquer l'éclatement du mouvement. La seule sortie remarquée mais tardive sera celle du fils du défunt Varadachari qui crée un mouvement dissident confidentiel.
Peu à peu, Chari modifie subtilement la prépondérance des différents outils et en crée de nouveaux. Le culte de la personnalité explose grâce à l'ambiguïté soigneusement entretenue entre maître et divin, au développement du souvenir constant et aux incitations à voir le maître. La manipulation ainsi permise est renforcée par l'incitation à tenir un journal ou encore le travail sur le caractère.
La qualité de l'enseignement est délaissée au profit d'un simple vernis. Les précepteurs subissent la pression du patron pour multiplier les nouvelles recrues. C'est l'heure du prosélytisme triomphant !
c) A la recherche d'une nouvelle respectabilité (1997-2005)
Au début des années 90, la stratégie de conquête marque le pas et le culte de la personnalité n'arrive plus à masquer ses revers (création de moutons, pas de lions). Entre 1995 et 2000, la croissance numérique s'est fortement ralentie et l'on n'atteint que 75 000 adeptes. Chari limite ses voyages à l'étranger et concentre son action sur l'Inde.
Pour relancer la croissance interrompue, il faut accroître l'efficacité et la visibilité du mouvement ainsi que sa respectabilité. C'est la dernière grande offensive de Chari : une organisation très structurée, une présence physique renforcée et de nouvelles formes d'action.
Santosh Khanjee, son éminence grise, sera le grand administrateur de cette réforme stratégique qui nécessite une réorganisation totale du mouvement et des fonds importants. A côté de la SRCM qui est censée gérer les aspects spirituels, on crée la Sahaj Marg Spirituality Foundation, fer de lance de toutes ces nouveautés. Elle investit tous azimuts, dans la recherche de nouvelles formes de prosélytisme comme dans les biens immobiliers. Elle collecte et gère les fonds nécessaires.
En 1997, la construction du Babuji Memorial Ashram actuel débute sur un terrain acquis en 1989. Les travaux du BMA prennent fin 2 ans plus tard et l'inauguration a lieu le 30 avril 1999, son coût est estimé autour de 2 à 3 millions d'euros.
La SRCM a récupéré et réorganisé le laboratoire d'idées fondé par Varadachari, le SMRTI, pour essayer de concrétiser ses idées. Son succès le plus éclatant est l'utilisation du VBSE pour la création de la très visible et respectée école LMOS inaugurée le 24 juin 2005. Ses tentatives de l'utiliser pour promouvoir la paix auprès des enfants afin de séduire les gens de l'ONU et s'acheter ainsi une conduite font froid dans le dos.
Sous couvert de formation et d'éducation, après avoir flirté avec le monde de l'entreprise dans le domaine du développement personnel, la Fondation multiplie aussi les acquisitions immobilières (centres de formation et de retraite, type CREST). Elle s'aventure même dans l'humanitaire (centres de lumières avec nourriture et soins gratuits).
En 1997, Umeshchandra Saxena, fils de Babuji, estime le patrimoine de la Mission à un milliard de roupies indiennes (près de 200 millions d'euros), avec 700 centres et 70 ashrams. En 2003, Chari annonce avoir multiplié par 3 le nombre d'abhyasis indiens en 3 ans. L'argent afflue de l'Occident vers l'Inde. Les chiffres annoncés entre 2004 et 2006 fluctuent selon les circonstances entre 200 et 300 000 adeptes avec 2 à 3 000 précepteurs.
3/ Le réveil des charognards (depuis 2005)
Chari vieillit et il en est conscient. Le 29 avril 2005, il nomme Ajay Kumar Bhatter pour lui succéder.
Mais l'histoire est un éternel recommencement. Chari va fêter ses 80 ans, il est malade et fatigué. La Mission a considérablement grandi, elle s'est enrichie. L'histoire se reproduit, les lieutenants de Chari ne sont que des opportunistes : Ajay le successeur désigné, Krishna le richissime héritier, Khanjee l'éminence grise ou bien encore Durai l'homme de mains.
Comment résister à la convoitise que provoque immanquablement ce petit empire ? Les appétits sont insatiables, il y a un tel potentiel de puissance et d'argent à portée de mains. Le petit-fils de Lalaji sort de l'ombre, des partisans de Kasturi la poussent en avant et le petit-fils de Babuji contre attaque.
Qui donc vaincra ?
Ambiance de fin de règne… ou début d'une ère nouvelle ?
4/ Bibliographie
- SRCM® : www.srcm.org
- SRCM Shahjahanpur : www.srcmshahjahanpur.org.in
- ISRC : www.sriramchandra.org
- Blog sur Kasturi : http://kasturibhenji.blogspot.com
- Blog sur Raghavendra Rao : http://makamsureshkumar.blogspot.com
1/ Les "faits contradictoires" qu'on veut bien nous raconter…
Babuji et Chari multiplient les voyages au cours des années 70. Ils apparaîtront ensuite souvent en compagnie d'André Poray et du Dr. Hans Gangloff.
Le 3 mars 1974, Babuji nomme Chari comme son successeur devant témoins, Donald Sabourin et Kasturi. En 1976 est construit l'ashram de Shahjahanpur. Babuji porte plainte pour le vol de 4 lettres à entête de la SRCM. En 1979, Babuji confie à Narayana qu'il devra travailler aux côtés de Chari dans l'avenir. En 1980, à Munich, il déclare à JM (?) qu'il a désigné Chari comme son successeur, mais André Poray y apparaît comme un rival sérieux pour Chari. Babuji est moins disponible pour les groupes d'abhyasis et Chari devient taciturne. Toujours vers 1980, Babuji destitue Chari de toutes ses fonctions.
En 1981, les seniors précepteurs Raghavendra Rao et Ramachandra Reddy entament une tournée non officielle aux USA avec Umeshchandra Saxena, un fils de Babuji qui n'est même pas précepteur. Le 16 avril 1982, Babuji rédige pourtant une lettre de nomination de son fils Umeshchandra.
Tout devient très sombre en 1982 lors du voyage de Babuji en France. André Poray est partout en avant de la scène, Chari qui n'a pas été invité est relégué en coulisses. Babuji est très malade. Il annonce aussi à Kasturi qu'il a nommé quelqu'un sans en préciser le nom et lui dit qu'il veut aller à la police car on veut attenter à sa vie, ce qu'il ne fera finalement pas. Le 2 septembre, il écrit à MD Jahagirdar que Chari dérive de l'enseignement initial, qu'il se présente illégitimement comme son successeur et qu'il a tenté de l'empoisonner à plusieurs reprises depuis 4 ans, mais qu'il a trouvé son successeur. Il ne le nomme pas mais annonce aussi qu'il devra être accompagné par Srivastava, Narayana et Kashi Ram Agarwal ainsi que Nasib Chand.
En 1983, des messages contradictoires des différentes factions affluent, y compris des autres successeurs de Lalaji. Babuji décède le 19 avril. Chari présente aussitôt sa lettre de nomination. Raghavendra Rao et Ramachandra Reddy, avec Umeshchandra à leur tête, déclarent que la lettre de Chari est une contrefaçon. La famille de Babuji ne propose pas tout de suite Umeshchandra, mais son frère aîné Prakash, puis son petit-fils Charad. Une bataille légale pour le contrôle de l'ashram s'engage. Chari voyage à l'ouest pour y chercher des appuis.
Tout le monde se retrouve à Shahjahanpur pour l'anniversaire de Lalaji en février 1984. Un "Working Committee" est mis en place dans la foulée, les 6 et 7 février. Une tentative d'empoisonnement du clan de Chari a lieu, à ce moment là ou à un autre.
Narayana qui fait partie du comité de travail considère que la lettre du fils de Babuji est fausse et que celle de Chari est valide. Le petit-fils de Babuji reconnaît qu'il s'agit d'un faux. Kasturi se prononce en faveur de Chari. Mais le comité de travail décide de nommer Umeshchandra représentant spirituel. SA Sarnad, chargé d'informer tout le monde, envoie une circulaire à quelques centres, puis rejoint le clan de Chari, avant d'avoir fini.
SP Srivastava est nommé président du comité de travail en attendant que les esprits se calment, car le positionnement de Kasturi en faveur de Chari, entre autres, déclenche un conflit ouvert entre les factions.
Dans ces conditions, Chari constitue un autre "Working Committee" à Hyderabad où il est proclamé président. Une nouvelle SRCM californienne sera ainsi créée à San Luis Obispo.
En 1987, Chari tente de nouveau de s'emparer de l'ashram de Shahjahanpur, mais sans succès. SP Srivastava publie la 2ème partie de l'autobiographie de Babuji (1987-89). En août 1991, Narayana quitte le clan de Chari et crée l'ISRC.
En 1994, Umeshchandra Fait valoir à Srivastava sa lettre de nomination et dit que la lettre de Chari est une contrefaçon faite à partir d'un papier volé. Il accuse aussi Chari d'avoir empoisonné son père. Un senior précepteur accepte la lettre d'Umeshchandra, tous alors l'acceptent et Srivastava laisse sa place à Umeshchandra Saxena qui préside alors la SRCM de Shahjahanpur.
L'un de ses précepteurs part aux USA en 1996, crée un site internet 'sahajmarg.org' où il publie les 2 lettres de nomination d'Umeshchandra et Chari. Un conflit oppose alors les 2 SRCM sur le nom de domaine, et l'arbitrage est prononcé en faveur du clan d'Umeshchandra en avril 2000. Le clan de Chari engage alors un grand cabinet d'avocats et porte l'affaire devant la Cour fédérale de Virginie. Le clan d'Umeshchandra préfère abandonner la partie faute de moyens financiers.
En 2000, Kasturi s'oppose soudain à Chari après qu'il l'ait rejetée. Elle enseigne alors seule le Sahaj Marg de son côté à Lucknow.
Umeshchandra se déplace dans l'ashram de Shahjahanpur avec un revolver car il a peur pour sa vie. En 2003, il décède de mort non naturelle. Son fils Navnnet Kumar Saxena lui succède, mais son jeune frère est victime d'un accident de la route suspect seulement 13 jours plus tard.
Navneet Kumar lui-même est victime d'une tentative d'empoisonnement le 3 février 2006. Le clan de Chari envahit l'ashram de Shahjahanpur le 2 avril puis, après la mort du senior full précepteur Raghavendra Rao, envahit aussi celui de Raichur, AP Durai en tête le 7 mai suivant. Des témoignages en faveur du clan de la famille de Babuji apparaissent sur le web.
Fin 2006, le petit fils de Lalaji, Dinesh Kumar Saxena, précepteur de Chari mais aussi et surtout représentant de NaqshMuMRa, la lignée soufie issue de Hujur Maharaj et de Lalaji, fait son apparition sur le web. Il est bientôt suivi par un disciple de Kasturi, elle-même toujours précepteur de Chari, et par un disciple de Raghavendra Rao.
Le 18 janvier 2007, c'est au tour de Navneet Kumar de s'exprimer sur le web. Le 7 février, la Cour suprême statue : "Arguments heard. Orders reserved." Et Navneet crée son propre site le 22 février, où il publie les 2 lettres de nomination et le courrier adressé à Jahagirdar où Babuji accuse Chari de tous les maux…
2/ Décryptage de la trame historique
a) Le combat des chefs (1974-1984)
Les dix dernières années de la vie de Babuji sont particulièrement troubles. A-t-il commencé par nommer Chari pour mieux le désavouer ensuite au profit de l'un de ses fils ? On retrouve là le babuji des débuts, mystérieux et paranoïaque. Toutes les conditions sont réunies pour créer la confusion.
i. L'attrait du pouvoir
Outre les ambiguités nourries par Babuji, l'autre grande raison qui va déchaîner le combat des chefs est l'attrait pour le pouvoir.
Après des décennies de stagnation, les effectifs de la SRCM s'envolent. Si l'on en croit Chari, il y avait moins de 50 disciples à son arrivée en 1965. En 1970, le nombre de précepteurs a été multiplié par 7 et en 1983 de nouveau par 4. On arriverait alors au chiffre de 4 à 5 000 adeptes.
Babuji est désormais entouré d'une cour permanente d'adorateurs qui se pressent autour de lui. Le culte de la personnalité qu'il a contribué à créer et laissé faire ensuite produit enfin ses effets : il séduit les prétendants à sa succession.
ii. L'éclatement après l'unité
Il n'existe donc pas une, ni deux, mais trois missions qui se réclament de l'héritage spirituel de Babuji : la Mission d'Umeshchandra à Shahjahanpur, la SRCM Californienne de Chari et l'ISRC de K.C. Narayana. Sans parler des disciples de Babuji qui sont restés relativement autonomes dans leurs régions respectives, telle Kasturi à Lucknow ou Raghavendra Rao à Raichur.
Pour la SRCM de Shahjahanpur, emmenée par Srivastava, Umeshchandra Saxena puis Navneet Kumar, Babuji ne sera jamais remplacé, il ne peut y avoir de maître vivant et la SRCM doit rester à Shahjahanpur.
Pour la SRCM de Chari, il est le président et il va aussi devenir progressivement le maître vivant, successeur de Babuji. Narayana, quant à lui, accepte sa présidence mais s'oppose à son rôle de représentant spirituel. Pour lui non plus, il ne peut y avoir de maître vivant, Babuji est le seul et unique maître.
b) Le triomphe de Chari (1984-97)
i. Le fumeur de cigarettes
Chari est un homme du sud, l'un de ces fumeurs de cigarettes occidentalisés, arrivé avec les opportunistes et autres arrivistes, alors que la SRCM et Babuji devenaient célèbres.
Face aux seniors précepteurs du nord traditionnel, Chari heurte les mentalités : il est jeune, moderne et opportuniste. Le rejet par les anciens est tel qu'il va décider d'aller développer sa propre mission à l'étranger, chez les occidentaux qu'il connaît si bien.
Son succès est évident. Il a gagné la bataille des chiffres : 20 000 disciples en 1991 d'après Narayana, 50 à 55 000 en 1995-97 selon Chari.
Contrairement à l'histoire officielle, Chari n'est donc que l'un des multiples successeurs de Babuji, mais c'est celui qui a le mieux réussi…
ii. Un enseignement à la dérive
On est déjà loin du Sahaj Marg initial, méthode réputée à l'usage individuel des chercheurs spirituels. Il se pare d'un objectif à portée universelle : faire basculer le monde vers la spiritualité. Et cela ne pourra avoir lieu avant que le nombre d'adeptes n'atteigne un certain seuil obligé.
Pour réaliser ce nouvel objectif, les dix commandements sont insuffisants, il faut de nouveaux outils. La mort de Babuji vient renforcer la liberté d'action de Chari. Il a le génie de réussir à instrumentaliser le culte de la personnalité déjà sous-jacent et de reléguer les dix commandements au rang de maximes, sans provoquer l'éclatement du mouvement. La seule sortie remarquée mais tardive sera celle du fils du défunt Varadachari qui crée un mouvement dissident confidentiel.
Peu à peu, Chari modifie subtilement la prépondérance des différents outils et en crée de nouveaux. Le culte de la personnalité explose grâce à l'ambiguïté soigneusement entretenue entre maître et divin, au développement du souvenir constant et aux incitations à voir le maître. La manipulation ainsi permise est renforcée par l'incitation à tenir un journal ou encore le travail sur le caractère.
La qualité de l'enseignement est délaissée au profit d'un simple vernis. Les précepteurs subissent la pression du patron pour multiplier les nouvelles recrues. C'est l'heure du prosélytisme triomphant !
c) A la recherche d'une nouvelle respectabilité (1997-2005)
Au début des années 90, la stratégie de conquête marque le pas et le culte de la personnalité n'arrive plus à masquer ses revers (création de moutons, pas de lions). Entre 1995 et 2000, la croissance numérique s'est fortement ralentie et l'on n'atteint que 75 000 adeptes. Chari limite ses voyages à l'étranger et concentre son action sur l'Inde.
Pour relancer la croissance interrompue, il faut accroître l'efficacité et la visibilité du mouvement ainsi que sa respectabilité. C'est la dernière grande offensive de Chari : une organisation très structurée, une présence physique renforcée et de nouvelles formes d'action.
Santosh Khanjee, son éminence grise, sera le grand administrateur de cette réforme stratégique qui nécessite une réorganisation totale du mouvement et des fonds importants. A côté de la SRCM qui est censée gérer les aspects spirituels, on crée la Sahaj Marg Spirituality Foundation, fer de lance de toutes ces nouveautés. Elle investit tous azimuts, dans la recherche de nouvelles formes de prosélytisme comme dans les biens immobiliers. Elle collecte et gère les fonds nécessaires.
En 1997, la construction du Babuji Memorial Ashram actuel débute sur un terrain acquis en 1989. Les travaux du BMA prennent fin 2 ans plus tard et l'inauguration a lieu le 30 avril 1999, son coût est estimé autour de 2 à 3 millions d'euros.
La SRCM a récupéré et réorganisé le laboratoire d'idées fondé par Varadachari, le SMRTI, pour essayer de concrétiser ses idées. Son succès le plus éclatant est l'utilisation du VBSE pour la création de la très visible et respectée école LMOS inaugurée le 24 juin 2005. Ses tentatives de l'utiliser pour promouvoir la paix auprès des enfants afin de séduire les gens de l'ONU et s'acheter ainsi une conduite font froid dans le dos.
Sous couvert de formation et d'éducation, après avoir flirté avec le monde de l'entreprise dans le domaine du développement personnel, la Fondation multiplie aussi les acquisitions immobilières (centres de formation et de retraite, type CREST). Elle s'aventure même dans l'humanitaire (centres de lumières avec nourriture et soins gratuits).
En 1997, Umeshchandra Saxena, fils de Babuji, estime le patrimoine de la Mission à un milliard de roupies indiennes (près de 200 millions d'euros), avec 700 centres et 70 ashrams. En 2003, Chari annonce avoir multiplié par 3 le nombre d'abhyasis indiens en 3 ans. L'argent afflue de l'Occident vers l'Inde. Les chiffres annoncés entre 2004 et 2006 fluctuent selon les circonstances entre 200 et 300 000 adeptes avec 2 à 3 000 précepteurs.
3/ Le réveil des charognards (depuis 2005)
Chari vieillit et il en est conscient. Le 29 avril 2005, il nomme Ajay Kumar Bhatter pour lui succéder.
Mais l'histoire est un éternel recommencement. Chari va fêter ses 80 ans, il est malade et fatigué. La Mission a considérablement grandi, elle s'est enrichie. L'histoire se reproduit, les lieutenants de Chari ne sont que des opportunistes : Ajay le successeur désigné, Krishna le richissime héritier, Khanjee l'éminence grise ou bien encore Durai l'homme de mains.
Comment résister à la convoitise que provoque immanquablement ce petit empire ? Les appétits sont insatiables, il y a un tel potentiel de puissance et d'argent à portée de mains. Le petit-fils de Lalaji sort de l'ombre, des partisans de Kasturi la poussent en avant et le petit-fils de Babuji contre attaque.
Qui donc vaincra ?
Ambiance de fin de règne… ou début d'une ère nouvelle ?
4/ Bibliographie
- SRCM® : www.srcm.org
- SRCM Shahjahanpur : www.srcmshahjahanpur.org.in
- ISRC : www.sriramchandra.org
- Blog sur Kasturi : http://kasturibhenji.blogspot.com
- Blog sur Raghavendra Rao : http://makamsureshkumar.blogspot.com
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