Augerans, ou comment s'implanter sur une commune...
En septembre 1988, la Mission achète le château d'Augerans, à 10 km de Dôle, au groupe Peugeot pour près de deux millions de francs. Cette propriété de 10 ha dont une partie de bois et un étang, plus de 3400 m² habitables sur 6 étages, est inaugurée en grande pompe le 9 octobre de la même année.
"L'Ashram du Val d'Amour, c'est le futur nom du château d'Augerans, que M. Lorrain Poirson, un ingénieur habitant dans l'Hérault, rend aujourd'hui à la vie (…)" lit-on dans les Dépêches du Jura du 25/09/88. L'ingénieur y souligne au passage la "bienveillance des administrations qui nous ont facilité au maximum les démarches habituelles pour ce genre de création…".
Plus loin, on peut encore lire : "Des demandes de permis de construire ont également été déposées en mairie pour une extension, concernant des bâtiments annexes. Ce n'est de toute façon pas pour demain, précise M. Poirson, car l'achat du château payé entièrement par des dons de nos adhérents a largement grevé nos finances, et que par ailleurs, il semble qu'il faille compter avec le plan d'occupation des sols de la commune".
Des propos qui se veulent rassurants pour cette petite commune de moins de 150 habitants, qui ne sait pas encore ce qu'est réellement la Mission. Mais très vite la secte change d'attitude. Chari veut qu'Augerans devienne le véritable siège européen de la Mission. Et après avoir songé un moment racheter le château voisin de Mont-sous-Vaudrey, elle préfère contester le plan d'occupation des sols de la commune dès juin 90.
En effet, le POS ne prévoit qu'une extension limitée du bâti à 500 m², le reste du domaine étant en zone protégée. Mais Mireille Humbert, secrétaire adjointe de la Mission, déclare que le Centre européen de yoga - nouvelle appellation du lieu - doit être "une manne pour le village qui ne compte plus que 5 ou 6 enfants" (L'Estocade - Nov. 90).
Ainsi, de nombreuses actions enveniment les relations de la secte avec la municipalité de l'époque. Elle construit sans autorisation un bloc hygiène collectif et un parking de 150 places, refuse de payer la taxe de séjour et sa participation au syndicat des eaux. Enfin, en 1993, elle monte une salle de méditation à l'orée du bois, s'interdisant ainsi toute autre extension au regard du POS.
Arrivent 1994 et la perspective des élections municipales de 95. La secte en profite, nous révèle Jura Magazine (mai 96) : "Gérard Pélissier a été maire pendant six ans (…) Durant son mandat, il a souhaité limiter l'extension de la secte en appliquant le Plan d'Occupation des Sols qui règlemente les capacités d'accueil du château. En représailles, le SRC a fermé le compte qu'elle avait dans la banque où travaille l'ancien maire, en expliquant au directeur que la faute en incombait à l'employé".
A la veille des élections, plusieurs disciples s'installent au château et se font inscrire sur les listes électorales. Ils n'y resteront pas très longtemps, mais juste le temps nécessaire : " (…) le poids des 15 électeurs de la secte a été déterminant sur le scrutin qui se jouait dans un mouchoir de poche" poursuit Jura Magazine. "Quoiqu'il en soit, il est certain que depuis les dernières élections, les soucis de la secte se sont évaporés".
Le nouveau maire, M. Alain Déjeux, n'aime pas trop que la presse vienne l'interroger sur la Mission. "Je n'emploierai pas le mot "secte" au niveau de cette association" lâche-t-il quand même. Il supprime l'arrêté interdisant le camping sur le domaine et demande la suppression des visites de sécurité à l'occasion des séminaires. Et bientôt un nouveau chapiteau de plus de 600 m² est accolé au château…
C'est le bon temps pour la Mission. Elle organise de multiples séminaires, accueillant jusqu'à plus de 1500 personnes. "La création de l'association Créajoie en 1995 atteste de la volonté prosélyte de la secte" lit-on toujours dans Jura magazine. "Bien que son président Xavier DEWEZ affirme que Créajoie n'a rien à voir avec le SCR, les renseignements généraux eux confirment que plusieurs membres de l'association appartiennent à la secte. Cette "filiale", dont un des buts est de "favoriser l'épanouissement de l'individu…", a proposé ses services aux communes du Val d'Amour pour entre autres faire du soutien scolaire."
Prosélyte, la secte se fait donc tranquillement de nouveaux adeptes dans la région, si possible à des postes privilégiés : cela peut toujours servir ! Et justement, patatras, on apprend en juin 2000 que la femme d'Albert Picquet (secrétaire de la section doloise du PS et tête de liste socialiste pour les municipales) est membre de la Mission. Scandale qui le pousse à retirer sa candidature à la demande de la fédération départementale du parti.
Mécontent de l'accueil qu'on lui réserve en France, Chari envisage une nouvelle fois de déménager le siège européen de la Mission (ce n'est que la troisième fois !). Et c'est le maire du village lui-même qui annonce la nouvelle de la mise en vente du château en séance du conseil municipal du 4 janvier 2001 et par des affichettes posées sur les panneaux municipaux.
"L'Ashram du Val d'Amour, c'est le futur nom du château d'Augerans, que M. Lorrain Poirson, un ingénieur habitant dans l'Hérault, rend aujourd'hui à la vie (…)" lit-on dans les Dépêches du Jura du 25/09/88. L'ingénieur y souligne au passage la "bienveillance des administrations qui nous ont facilité au maximum les démarches habituelles pour ce genre de création…".
Plus loin, on peut encore lire : "Des demandes de permis de construire ont également été déposées en mairie pour une extension, concernant des bâtiments annexes. Ce n'est de toute façon pas pour demain, précise M. Poirson, car l'achat du château payé entièrement par des dons de nos adhérents a largement grevé nos finances, et que par ailleurs, il semble qu'il faille compter avec le plan d'occupation des sols de la commune".
Des propos qui se veulent rassurants pour cette petite commune de moins de 150 habitants, qui ne sait pas encore ce qu'est réellement la Mission. Mais très vite la secte change d'attitude. Chari veut qu'Augerans devienne le véritable siège européen de la Mission. Et après avoir songé un moment racheter le château voisin de Mont-sous-Vaudrey, elle préfère contester le plan d'occupation des sols de la commune dès juin 90.
En effet, le POS ne prévoit qu'une extension limitée du bâti à 500 m², le reste du domaine étant en zone protégée. Mais Mireille Humbert, secrétaire adjointe de la Mission, déclare que le Centre européen de yoga - nouvelle appellation du lieu - doit être "une manne pour le village qui ne compte plus que 5 ou 6 enfants" (L'Estocade - Nov. 90).
Ainsi, de nombreuses actions enveniment les relations de la secte avec la municipalité de l'époque. Elle construit sans autorisation un bloc hygiène collectif et un parking de 150 places, refuse de payer la taxe de séjour et sa participation au syndicat des eaux. Enfin, en 1993, elle monte une salle de méditation à l'orée du bois, s'interdisant ainsi toute autre extension au regard du POS.
Arrivent 1994 et la perspective des élections municipales de 95. La secte en profite, nous révèle Jura Magazine (mai 96) : "Gérard Pélissier a été maire pendant six ans (…) Durant son mandat, il a souhaité limiter l'extension de la secte en appliquant le Plan d'Occupation des Sols qui règlemente les capacités d'accueil du château. En représailles, le SRC a fermé le compte qu'elle avait dans la banque où travaille l'ancien maire, en expliquant au directeur que la faute en incombait à l'employé".
A la veille des élections, plusieurs disciples s'installent au château et se font inscrire sur les listes électorales. Ils n'y resteront pas très longtemps, mais juste le temps nécessaire : " (…) le poids des 15 électeurs de la secte a été déterminant sur le scrutin qui se jouait dans un mouchoir de poche" poursuit Jura Magazine. "Quoiqu'il en soit, il est certain que depuis les dernières élections, les soucis de la secte se sont évaporés".
Le nouveau maire, M. Alain Déjeux, n'aime pas trop que la presse vienne l'interroger sur la Mission. "Je n'emploierai pas le mot "secte" au niveau de cette association" lâche-t-il quand même. Il supprime l'arrêté interdisant le camping sur le domaine et demande la suppression des visites de sécurité à l'occasion des séminaires. Et bientôt un nouveau chapiteau de plus de 600 m² est accolé au château…
C'est le bon temps pour la Mission. Elle organise de multiples séminaires, accueillant jusqu'à plus de 1500 personnes. "La création de l'association Créajoie en 1995 atteste de la volonté prosélyte de la secte" lit-on toujours dans Jura magazine. "Bien que son président Xavier DEWEZ affirme que Créajoie n'a rien à voir avec le SCR, les renseignements généraux eux confirment que plusieurs membres de l'association appartiennent à la secte. Cette "filiale", dont un des buts est de "favoriser l'épanouissement de l'individu…", a proposé ses services aux communes du Val d'Amour pour entre autres faire du soutien scolaire."
Prosélyte, la secte se fait donc tranquillement de nouveaux adeptes dans la région, si possible à des postes privilégiés : cela peut toujours servir ! Et justement, patatras, on apprend en juin 2000 que la femme d'Albert Picquet (secrétaire de la section doloise du PS et tête de liste socialiste pour les municipales) est membre de la Mission. Scandale qui le pousse à retirer sa candidature à la demande de la fédération départementale du parti.
Mécontent de l'accueil qu'on lui réserve en France, Chari envisage une nouvelle fois de déménager le siège européen de la Mission (ce n'est que la troisième fois !). Et c'est le maire du village lui-même qui annonce la nouvelle de la mise en vente du château en séance du conseil municipal du 4 janvier 2001 et par des affichettes posées sur les panneaux municipaux.
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